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Tout va bien. On regarde un film (ennuyeux, sans relief émotionnel.) Soudain quelqu'un traverse la pièce avec un air soucieux...et c'est aussitôt une bascule de l'humeur qui en quelques minutes vous fait entrer en dépression. Dépression qui dans certains cas peut durer des semaines !
Le mot "humeur" est trompeur. Dans le langage courant on dit s'être "levé de mauvaise humeur",
ce qui signifie ronchon. Rien à voir avec les états thymiques (expression scientifique du mot humeur)
qui tombent sur vous de manière soudaine - ou insidieuse.
L'humeur peut aller de l'euphorie délirante où l'on se prendrait pour dieu, à des abîmes de désespoir
sources de suicides.
Là, par le vecteur de l'empathie, on éprouve, en surmultiplié, les émotions des autres.
Cette personne contrariée tout à l'heure a seulement traversé la pièce, et quand au bout d'un quart d'heure
sa mauvaise humeur est passée, la vôtre reste, vous empoisonne, vous colle à la peau et vous pousse,
une fois de plus, à vous isoler. Quand en sortirez-vous ? Bien longtemps après que vous aurez oublié l'élément déclencheur...
Ceux qui comptent sur la génétique pour leur fournir des enfants surdoués n'ont pas idée de la galère dans laquelle ils se mettent et mettraient leurs enfants !
Bref. Le surdoué est un grand consommateur d'anti-dépresseurs.
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"C'était le 28 mai...Non, le 27. Un mardi...Mercredi ou mardi ? Bref. Il pleuvait.
J'ai dû enlever mes chaussures à cause de la boue. Les roues de la voiture patinaient.
Il devait être entre dix et onze heures..."
Voilà comment la plupart des non surdoués racontent quelque chose. Ils s'égarent
et nous égarent dans une multitude de détails secondaires, ce qui dissout complêtement
ce qu'ils pourraient avoir à dire d'important.
Un surdoué est quelqu'un qui a un fort esprit de synthèse. Sans effort il discerne l'essentiel de l'inessentiel.
Et parfois trop. Sa pensée très ramassée, trop synthétique parait aux autres assez proche d'un coq à l'âne.
Il faut souvent désenrouler le fil de la logique sous-jacente du propos pour ne pas les perdre.
Les choses se mettent rapidement en relation en brûlant les étapes.
Les autres ne perçoivent pas la cohérence interne de ce qui est partagé.
Il en résulte une multitude d'incompréhensions et un sentiment empoisonné de solitude pour le surdoué.
De ce fait ce dernier garde souvent le silence.
Quand on l'interroge il répond: "C'est compliqué".
La solitude du surdoué ne le quittera jamais.
Cette souffrance l'accompagnera sa vie durant.